emanuel gat dance

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Midi Libre - Le passé et l'avenir de la danse

"Dance" et "Ten works", deux événements à l'affiche cette semaine de Montpellier danse

Le Ballet de l'opéra de Lyon joue une reprise de Lucinda Childs et une création d'Emanuel Gat.
Enjeu d'un renouvellement, ou ancrage de la recherche chorégraphique dans les institutions françaises ? C'est un peu de ces deux côtés qu'il faut regarder pour comprendre l'engagement du Ballet de l'opéra de Lyon auprès de Lucinda Childs et d'Emanuel Gat, deux créateurs que près de trente ans séparent et dont Montpellier danse présente dès ce mardi les créations en deux temps. Devenu autonome en 1969, après avoir été créé au XVII' siècle pour accompagner l'Opéra, le Ballet de l'opéra de Lyon est devenu compagnie d'excellence grâce aux directions éclairées de Françoise Adret, puis de Yorgos Loukos depuis vingt-six ans. Plus de 103 pièces et 52 créations mondiales figurent à son répertoire, avec des oeuvres de Preljocaj, Forsythe ou Christian Rizzo.

Philip Glass

Bastion à combattre, comme ces compagnies de ballet autrefois dédiées au classicisme, par la jeune danse française des années 80, le Ballet de l'opéra de Lyon apparaît aujourd'hui, par ironie du sort, comme un des lieux qui perpétuent le passé de la danse et contribuent à son avenir.

C'est aussi un lieu « où il y a des danseurs et des moyens », complète Jean-Paul Montanari, directeur de Montpellier danse. Et il en faut. Pas une mince affaire que de remonter Dance, pièce historique de la post-modern danse américaine et première création, en 1979, de Lucinda Childs pour 17 danseurs, écrite avec le célèbre compositeur Philip Glass et le plasticien Sol Lewin, qui signe là son unique film en 35 mm, indissociable de la représentation, puisqu'il constitue le décor ! Editer le film au format numérique, transmettre une partition millimétrée de variations sur la marche et le saut, fondée sur un légendaire port de bras libéré des codes classiques : un défi renouvelé pour « s'ouvrir un monde de possibilités selon l'injonction de Lucinda Childs, habituée au challenge d'un Bob Wilson.

Du côté d'Emanuel Gat, une plongée dans l'inconnu pour une création intitulée Ten works, un titre abstrait de filiation américaine, où se profile un hommage à Jean-Paul Montanari. Pas moins de vingt danseurs concourent pour ces Dix pièces retraçant dix ans de carrière du chorégraphe en France, dont la moitié issue de la compagnie d'Emanuel Gat se complète de dix danseurs venus du Ballet de Lyon, une première du genre. Mais, rompu aux prises de risques et à un art de la fugue, dont Bach dicte invariablement le tempo depuis Brilliant Corners en 2011, Gat concentre toujours son écriture chorégraphique sur la musique et la complicité des danseurs. Rigueur, discipline et authenticité. II s'est adjoint pour cette création le clarinettiste Alain Billard, qui interprétera en live Art of Metal II, conçu pour lui par le compositeur Yann Robin. Pour les mélomanes aussi, les quatre soirées du Ballet de Lyon avec Childs et Gat constituent un événement !

Lise Ott
27 juin 2017