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"Preludes & Fugues" - Ballet du Grand Théâtre de Genève (2011)

La création d’Emanuel Gat Préludes & fugues n’est pas une tentative d’illustration du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach mais une proposition de coexistence de la chorégraphie et de la musique. Dans cette pièce hors-norme, danse et musique se côtoient, interagissent et cohabitent dans un même espace. Les danseurs du Ballet du Grand Théâtre de Genève semblent jouer leur propre partition. Entre piano et profond silence, ils nous livrent un ensemble de scènes comparable à ce que l’on observe dans la rue depuis sa fenêtre. Le public conserve alors toute sa liberté d’interprétation et d’imagination face à ses instants de vie dont il est le témoin.

Que voit-on d’abord ? Les mains de Glenn Gould – Emanuel Gat a choisi cette interprétation. Manière de dire, on ne voit rien. Le rideau ne s’est pas encore levé, mais déjà les doigts du virtuose libèrent le « Prélude en do majeur ». Il y a là comme les prémices d’un drame, celui d’une pensée qui s’envole. Sauf que tout s’interrompt. Silence. Devant nous, des garçons et des filles disséminés sur scène, saisis comme après l’orage, robes, shorts ou pulls sombres, ordonnés dans leur solitude. Glenn Gould reprend sa fugue. La foule s’évapore, deux danseurs, une danseuse ébauchent une construction. Dans un moment, la troupe reviendra en horde apaisée, mêlera pirouettes, chutes, mais comme sur pneumatiques et rebonds, comme pour composer une forêt de signes. La danse, c’est aussi ça, un abécédaire classique sans cesse nettoyé.

Le Temps, Alexandre Demidoff

L’écriture foisonnante du chorégraphe est la plus forte. Les corps de danseurs groupés en masses compactes ou plus aérées laissent échapper des mouvements en tous sens qui forment des compositions miraculeusement équilibrées.

Le Nouvel Observateur, Raphaël de Gubernatis

La troupe genevoise au complet se montre parfaitement à la hauteur de cette danse pure, entre ombre et lumière, abstraite et pourtant pleine de petits messages délicats pour qui laisse son imagination vagabonder. De même, le silence, fréquemment utilisé par Gat, n’est jamais creux, et l’attention du spectateur suit attentivement les notes dessinées par les corps en mouvement.

La Tribune de Genève

L’Israélien Emanuel Gat magnifie les danseurs genevois… L’artiste signe une pièce exigeante et belle… Cette danse regarde vers l’intérieur, elle admet l’éloquence du geste, mais refuse la séduction.

Le Temps, Alexandre Demidoff