Créé le 1 juillet 2017
Par Philippe Noisette
A Montpellier Danse Emanuel Gat dévoile TENWORKS pièce hybride pour 2 compagnies, 20 danseurs et quelques musiciens.
Montpellier Danse aime beaucoup Emanuel Gat qui lui rend bien, en témoigne sa présence comme un fil rouge de cette édition 2017. Le chorégraphe israélien installé en France aura donc donné des “Duos” sur les places ou parvis de la ville -et même sur le toit du Corum ! Sans oublier la primeur de ce TENWORKS ambitieux qui s’accompagne jusque dans son titre d’une dédicace à Jean-Paul Montanari le directeur de la manifestation. C’est enfin et avant tout un hommage à la danse.
Juste avant cette première, Gat affirmait en conférence de presse qu’il n’avait jamais compris le “terme de danse abstraite. Car il y a forcément une personne face à vous. On ne crée par l’art dans le vide, c’est le résultat d’une relation humaine“. La preuve par TENWORKS qui réunit sur le plateau ouvert à tous les vents de l’Agora deux troupes, celle d’Emanuel Gat augmentée d’une dizaine de danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon. Yorgos Loukos à la tête de cette institution est à l’origine du mariage de (dé)raison. TENWORKS s’ouvre sur un feu d’artifices et de gestes, la super bande d’interprètes en scène. On retrouve ces déhanchés bien dans la manière de Gat, des trajectoires comme arrêtées par on ne sait quel contre-temps. Sur une chanson de Nina Simone cette ouverture est magistrale, elle pourrait durer une heure sans que l’on s’en lasse. Mais 10 minutes c’est la règle pour chacune des 10 pièces. TENWORKS est affaire de frustration pour ainsi dire. Un moteur comme un autre.
S’en suit un duo – il y en aura 4. A nos yeux la vraie réussite de la création. Emanuel Gat semble chorégraphier le moindre muscle, la moindre terminaison nerveuse de l’interprète . Sa danse est frémissante : ils se touchent, se frôlent, se protègent. A deux pour la vie. Et pour la danse. Sommet encore que ce pas de deux intitulé Genevieve et Karolina. Frissons garantis. Les pièces de groupe qui s’intercalent n’ont pas la même force. Les danseurs lyonnais cherchent encore leurs marques dans le dédale chorégraphique d’Emanuel Gat. Un exercice quasi académique sur pointes paraît hors sujet. L’apport de musiciens live dans la seconde partie (dont la propre fille de Gat, Nina) est heureux. Il y a du souffle, des cuivres, de l’air.
TENWORKS est une œuvre de recherche. Fidèle à ses convictions Emanuel Gat reste ce chorégraphe engagé qui met en scène une utopie de corps dansants. Dans la nuit de Montpellier ce soir là, on pouvait entendre au loin des fanfares enjouées réunies pour une fête de rue. Comme un écho à la danse libre d’Emanuel Gat.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
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