Est-ce parce qu'il envisageait une carrière de sportif avant d'embrasser l'art de la danse que le chorégraphe israélien aime se lancer des défis ?
L'histoire ne nous le dit pas, mais donner sa version toute personnelle du célèbre ballet de Stravinsky relève assurément du challenge. En effet, SACRE – pièce initialement écrite par Emanuel Gat en 2004 pour cinq danseurs, trois femmes et deux hommes – livre une lecture libre et exigeante du chef-d'oeuvre de 1913. Le postulat : déconstruire les mécanismes de la salsa cubaine et les réassembler en un incessant tourbillon. Le résultat : une partition chorégraphique complexe, à la dramaturgie puissante où les couples se font et se défont sur une minuscule piste de danse sans jamais interrompre leurs mouvements. Un chassé-croisé amoureux à la fois iconoclaste et envoûtant.
Dans le même esprit novateur et frondeur, GOLD, version revisitée en 2015 de The Goldlandbergs, pièce écrite par Gat en 2013, explore elle aussi les relations entre individus. Ce n'est cependant plus le couple mais notre civilisation toute entière qui est ici mise en question. Sur un documentaire sonore anthropologique et poétique réalisé par Glenn Gould pour la radio et les Variations Goldberg (aussi jouées par le pianiste), Gat utilise la chorégraphie comme méthode d'observation de nos comportements. Une étude métaphorique des structures sociales et des forces qui les régissent.