(FR) Le Nouvel Observateur - Quatre chorégraphes israéliens en tournée en France

Ils sont l’autre visage d’Israël. Non pas celui du pays aujourd’hui colonisateur qui, jour après jour, grignote les terres de Cisjordanie et les arrache aux Palestiniens, mais celui dont Tel-Aviv est le lumineux visage : l’Israël des intellectuels, des artistes, des étudiants, des gens de paix, des contestataires qui font de cette capitale la plus aimable de toute cette région du monde et de cette nation un havre de liberté au milieu de pays aux régimes sanglants, totalitaires ou au mieux autoritaires.

Quatre artistes talentueux

Dans le domaine chorégraphique, hormis le directeur de la Compagnie Batsheva, Ohad Naharin, leur aîné, qui est la figure tutélaire de la danse israélienne, Emanuel Gat, Yuval Pick, Hofesh Shechter ou Barak Marschall comptent parmi les meilleurs chorégraphes de ce petit fragment d’Europe, si prolifique en matière de danse. 

Ils sont sans doute même les quatre meilleurs artistes que l’on y connaît. Trois d’entre eux vivent en France et en Grande-Bretagne. Un seul est demeuré dans son pays, tant la vie au quotidien y est rude, pour les artistes comme pour leurs concitoyens.

Le hasard des programmations permet de les retrouver en France à la même époque, en ces mois de janvier et de février 2012.

 Emanuel Gat

Le plus lyrique, le plus séduisant, le plus sombre d’entre eux, le plus remarquable, le plus virtuose sans doute, Emanuel Gat, est installé avec sa compagnie à Istres, d’où il mène une carrière internationale. On le voit trop peu sur les scènes françaises et surtout parisiennes (il a toutefois créé une très belle chorégraphie pour le Ballet de l’Opéra de Paris et a été l’hôte du festival "Paris Quartier d’été"). 

Il se produit avec ses magnifiques danseurs le 10 février, à Alès (Cratère ; 04 66 52 52 64), ainsi que du 22 au 24 février à Aix-en-Provence (Pavillon noir ; 08 11 020 111). La chorégraphie, "Brilliant Corners", est celle qui a été créée avec un grand succès au Festival de Montpelier et reprise (sous la pluie, hélas !) dans la cour d’honneur de l’Hôtel des Invalides l’été dernier.

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Multiples influences

Cette génération de remarquables chorégraphes est là pour témoigner de la puissance de l’expression artistique au sein d’un peuple qui vit jour après jour dans l’urgence. Une créativité qui ne s’est jamais mieux exprimée que par la danse, arrivée en Israël avec les premiers citoyens de ce pays qui venaient d’Allemagne, d’Europe centrale, de Russie ou des Etats-Unis. Et de France aussi, mais plus indirectement, avec la fondatrice de la Compagnie Batscheva, la mécène que fut Bethsabée de Rotschild.

Raphaël de Gubernatis, 20/01/2012